Edmony Krater, né le à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, est un auteur-compositeur-interprète, percussionniste et trompettiste au parcours riche et varié. S’il est avant tout reconnu pour ses talents musicaux, son engagement artistique lui confère une place unique dans le paysage culturel français. Élevé au son du tambour Ka, symbole fort de la culture guadeloupéenne, il a toujours cherché à transmettre cette identité culturelle à travers sa musique et ses collaborations.
Son aventure commence en 1976 lorsqu’il se lance dans la création de mode, suivie par son implication dans le groupe Gwakasonné en 1978. Ce dernier, avec des figures telles que Georges Troupé et Robert Oumaou, se distingue par sa contribution à la scène Gwoka moderne, un genre musical emblématique des Antilles. Grâce à ce groupe, Krater aura l’occasion d’enregistrer plusieurs albums et de jouer sur des scènes prestigieuses, renforçant ainsi sa réputation en tant qu’artiste engagé dans la promotion de la culture antillaise.
En 1983, Krater fait le grand saut vers Paris, où il multiplierait les collaborations avec des artistes de divers horizons. Il joue avec des icônes comme Claude Nougaro et Beñat Achiary. Ses différentes expériences le mènent à enregistrer des œuvres marquantes, comme l’album Natibel en 1985, qui mélangeais le gwoka traditionnel aux sons contemporains.
Edmony Krater : le parcours musical
Tout au long des années 80 et 90, Edmony Krater poursuit son chemin artistique, introduisant le gwoka dans des environnements variés. En 1989, il participe à des festivals importants, notamment le Carnaval de Toulouse et le Festival Racines. Son single Pan ga a to, sorti en 1991, lui permet une fois de plus de se faire connaître du public francophone, tout en continuant à partager les richesses culturelles de sa terre natale.
Krater ne s’est pas limité à la musique, il a également exploré le monde du théâtre. En 2000, son livre-CD TANBOU, réalisé avec Piotr Barsony, a été publié par les Éditions du Seuil. Son engagement pour les arts pluridisciplinaires a été reconnu, et les prix qu’il a reçus, comme le Prix Octogone et le Prix Francophone de l’Éducation Nationale, témoignent de l’impact de son œuvre sur la scène culturelle.
Avec son album Kontak en 2005 et Jouwé Tanbou en 2006, Edmony continue d’explorer la fusion entre les sons traditionnels et les mélodies contemporaines. À travers son travail, il met en avant les rôles traditionnels que le gwoka a dans le contexte social et culturel, révélant ainsi les enjeux d’identité liés à sa musique.
Une pédagogie et un partage culturel
En 1999, détenteur du Diplôme d’État de percussions traditionnelles, Edmony Krater a commencé à transmettre sa passion en enseignant le ka au conservatoire de Montauban. Sa volonté de partager ses connaissances et d’éduquer les nouvelles générations sur les richesses culturelles de son héritage est une facette essentielle de son engagement. À travers ses cours, il cherche à faire découvrir les subtilités du gwoka tout en créant une œuvre contemporaine qui dialogue avec les racines du passé.
S’illustre aussi sa participation collaborative dans des projets culturels, comme le spectacle Cahier d’un retour au pays natal, qu’il a co-créé avec des artistes comme Christophe Montrose et Frank Souriant. En 2014, il s’est engagé dans une réinterprétation musicale de l’œuvre d’Aimé Césaire, soulignant son dévouement à l’éducation et à la sensibilisation des jeunes publics.
Edmony a également été un des figures maîtresses du festival Place au Gwoka, organisé à Montauban. Ce festival, qui met en lumière des artistes de la scène gwoka, est une réponse à l’engagement de Krater envers la promotion de la culture antillaise en France. Chaque année, des artistes de différents horizons collaborent et offrent des concerts, des ateliers, et des discussions autour du patrimoine immatériel de leur héritage.
Un artiste aux multiples influences
Dans son parcours, Edmony Krater a su s’entourer de musiciens aux talents divers, tels que Dany Revel et Jean Béatrix, avec qui il a formé des collaborations enrichissantes. En 2018, il sort l’album An Kan Sonje, une œuvre qui résonne avec son désir de mêler le son traditionnel aux influences contemporaines. Ce projet lui permet de continuer à explorer de nouvelles sonorités tout en restant fidèle à ses racines.
En 2020, son album J’ai traversé la mer connaît un grand succès. Cet album est à la fois un hommage à ceux qui ont dû quitter leur terre natale et une invitation à la réflexion sur les thèmes de l’exil et de l’identité. En collaborant avec des artistes tels que le percussionniste Roger Raspail et le bassiste Julian Babou, il réussit à tisser des liens entre différentes cultures et traditions, rendant sa musique plus universelle.
Par ailleurs, son retour aux racines avec le tambour Ka est non seulement un acte artistique, mais aussi un acte politique. En insufflant son engagement dans chaque note, il se positionne comme un vecteur de changement, cherchant à éveiller les consciences sur les enjeux liés à la mémoire et à l’identité collective. La presse et les médias mettent régulièrement en avant son travail, comme en témoigne cet article de La Dépêche, où sont soulignés ses efforts pour transmettre la culture gwoka au-delà des frontières de la Guadeloupe.
Un engagement culturel et communautaire
Au-delà de sa carrière musicale, Krater est un fervent défenseur de l’éducation et de la préservation de la culture antillaise. Son désir d’impliquer la communauté à travers la musique l’a amené à travailler en étroite collaboration avec des écoles et des associations. Cela lui permet de partager sa passion pour le gwoka et d’inciter les plus jeunes à s’intéresser à leurs racines culturelles. Son travail de transmission est une véritable vocation.
Edmony Krater est également actif dans la promotion de l’artisanat et des traditions guadeloupéennes. Par ses multiples projets, il contribue à la préservation des pratiques artistiques locales tout en permettant à leur histoire d’être racontée à une audience élargie. En parallèle, l’organisation de conférences et d’ateliers favorise les échanges entre générations, ce qui est essentiel pour maintenir vivante cette richesse patrimoniale.
Son projet de festival Place au Gwoka a pour but de réunir des artistes, des danseurs et divers acteurs culturels afin de célébrer le gwoka. Ce festival est une occasion de réfléchir sur les enjeux de la culture créole aujourd’hui, tout en promouvant la diversité artistique. En effet, c’est un lieu où les artistes peuvent échanger leurs visions et leurs expériences tout en contribuant à une richesse culturelle collective.
Edmony Krater : une voix pour la mémoire
Avec une carrière qui s’étend sur plusieurs décennies, Edmony Krater représente non seulement un artiste accompli, mais également un porte-parole pour les luttes identitaires contemporaines. Sa musique ne se limite pas à divertir : elle évoque des thématiques profondes telles que l’exil, l’identité et la solidarité à travers les frontières. Son appropriation de la culture doit être vue comme un acte d’affirmation et de résistante face à l’homogénéisation culturelle.
La réinterprétation d’œuvres classiques de la littérature antillaise – comme celle d’Aimé Césaire – témoigne de sa volonté de rendre hommage à des figures marquantes. Cet engagement à mêler les arts devient un fil rouge dans son œuvre, permettant ainsi un dialogue vivant entre l’histoire passée et l’histoire présente, tout en construisant un avenir qui respecte les différences culturelles.
Pour en savoir plus sur son parcours musical et ses nombreux projets, vous pouvez consulter son entretien où il explique l’importance de ses racines et de sa créativité ici. Par cette diversité d’initiatives, Edmony Krater montre qu’il est bien plus qu’un simple musicien : il est un véritable agent de changement culturel, créant des ponts entre les générations et les cultures.