Philippe Clair, de son vrai nom Prosper Charles Bensoussan, est né le 14 septembre 1930 à Martimprey-du-Kiss, dans l’actuel Maroc. Très tôt, il éprouve une passion pour la scène qui le pousse à s’établir à Paris dans les années 1950 pour y étudier l’art dramatique au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Dès ses débuts, il illumine les planches et le petit écran par ses talents d’acteur, se produisant aux côtés de figures emblématiques telles que Raymond Rouleau et Danielle Delorme dans des œuvres mémorables comme L’Affaire des poisons.

Ce parcours initiatique le prépare à créer ses propres spectacles, qu’il dédie essentiellement à un humour judéo-arabe, alors peu représenté sur les scènes françaises. Des productions telles que Purée de nous z’otres et La Parodie du Cid d’Edmond Brua cimentent sa réputation de comédien innovant et audacieux. En 1965, il prend pied en tant que réalisateur avec son film Déclic et des claques, mettant en scène les mésaventures de jeunes pieds-noirs débarquant à Paris, et offre à Annie Girardot un rôle marquant.

Au cours de sa carrière, Philippe Clair bâtit une filmographie riche et éclectique, alternant comédies populaires et chansons engagées. En 1967, il se lance dans la chanson avec un titre audacieux à l’ombre de la guerre des Six Jours, Rien Nasser de courir, qui ne tarde pas à attirer l’attention de la censure pour son contenu controversé. Malheureusement, cette tonalité politique lui joue des tours et marque une première tension entre son œuvre artistique et les autorités de l’époque.

Un créateur prolifique dans le cinéma et la comédie

Au cours des années 1970, Philippe Clair approfondit son engagement dans le cinéma, devenant ainsi une figure incontournable de la comédie française. Son style d’humour se décline à travers de nombreux films qui, bien qu’acclamés par le public, sont souvent moqués par la critique, illustrant ainsi le paradoxe d’un artiste à succès. Il devient célèbre pour des œuvres où son sens de la comédie franchouillarde s’exprime pleinement, notamment en lançant des acteurs tels que les Charlots dans La Grande Java.

À partir de ce moment, sa popularité ne cesse de croître, mais son style unique fait également débat. Philippe Clair, en véritable pionnier, donne sa chance à des talents naissants, façonnant ainsi le paysage comique français. Au-delà de sa maîtrise de l’humour, il explore différentes facettes de la comédie, mettant en scène des personnages mémorables tels que Richard Anconina dans Comment se faire réformer. Ces collaborations lui permettent de créer un univers cinématographique qui lui est propre.

En 1984, Philippe Clair frappe fort en engageant Jerry Lewis pour son film Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir, réalisant ainsi un rêve pour tout cinéaste désireux de s’acoquiner avec l’un des géants de la comédie américaine. Cette collaboration admire du respect et de l’inspiration que Clair tire de l’œuvre de Lewis. Les échanges artistiques entre les deux hommes sont un point culminant de sa carrière et témoignent de sa capacité à frapper les esprits grâce à son savoir-faire en matière de comédie.

Une empreinte indélébile dans le paysage artistique

Néanmoins, les années 1980 marquent un tournant dans sa carrière. Bien que Philippe Clair ait largement dominé la scène comique durant la décennie précédente, l’émergence d’une nouvelle vague de comédiens, notamment des troupes de café-théâtre, modifie le paysage artistique. Il décide alors de mettre fin à sa carrière en 1989 après le film L’Aventure extraordinaire d’un papa peu ordinaire, laissant derrière lui un héritage fait d’éclats de rire et d’innovation.

Les années suivantes voient son style unique renaître sous d’autres formes, de manière inattendue et inattendue, notamment avec le film La Vérité si je mens ! en 1996, critiqué par certains comme une réminiscence de son propre travail. Ce retour du humour judéo-pied-noir célèbre ses racines à travers des récits touchant à l’identité et à la culture. Philippe Clair laisse donc un impact puissant sur plusieurs générations d’artistes et de spectateurs qui découvrent son univers artistique dynamique.

Bien qu’il se soit éloigné des projecteurs, Philippe Clair reste une figure respectée et un objet d’étude constant pour ceux qui cherchent à comprendre l’évolution de la comédie française. En 2013, un documentaire, Plus drôle que lui, tu meurs, réalisé par Gilles Botineau, reprend l’intégralité de sa carrière et apporte un éclairage sur l’artiste, rappelant ses succès, mais aussi les mésaventures qui ont jalonné sa route. C’est l’occasion idéale pour les nouvelles générations de redécouvrir un artiste qui a façonné la comédie contemporaine.

Hommages et publications

Philippe Clair ne se contente pas de laisser un héritage cinématographique : il publie également ses mémoires en 2014 sous le titre Quel métier étrange !, un livre qui permet de saisir son parcours à travers un regard intime et autobiographique. Cette œuvre est précieuse pour tous ceux en quête de vérité concernant les coulisses de sa carrière et les défis qu’il a dû surmonter au fil des décennies. En 2021, un deuxième ouvrage, Authentique, mais vrai !, est également publié, où il partage des anecdotes sur sa vie d’artiste et sur les divers personnages qu’il a rencontrés.

Son décès le 28 novembre 2020, laisse un vide immense dans le monde artistique français, mais son influence perdure à travers ses films, ses écrits et son humour, que l’on continue de célébrer. Philippe Clair est inhumé au cimetière parisien de Pantin, un dernier repos rempli d’un riche souvenir pour ceux qui ont eu la chance de vivre son époque. En 2024, la réédition de ses films en DVD et Blu-ray permet aux nouvelles générations de se plonger dans l’univers coloré et comique qu’il a su créer.

En observant sa carrière, il est indéniable que Philippe Clair se positionne comme un acteur majeur du cinéma français, émergeant comme un pionnier de l’humour populaire. Son parcours, riche en rencontres et en collaborations, témoigne d’une créativité sans bornes et d’une véritable audace artistique. Ce faisant, il a permis d’élever la comédie dans toute sa splendeur, laissant derrière lui un héritage inestimable qui continue d’inspirer les artistes d’aujourd’hui. Ses œuvres sont le reflet d’une époque, et sa sensibilité exceptionnelle envers les thèmes de l’identité et de l’appartenance murissent une belle réflexion pour le spectateur.

En somme, Philippe Clair n’est pas seulement un artiste, il est un symbole d’une époque, une figure emblématique dont l’œuvre offre une fenêtre sur la comédie moderne, révélant un humour qui, à ce jour, résonne encore dans le cœur du public. Son parcours, semé de succès et d’épreuves, nous rappelle surtout que la quête artistique est un voyage riche, complexe et infiniment personnel.