Des débuts prometteurs à Amiens
André Sellier est né le 1er juillet 1920 à Amiens, dans le département de la Somme. Fils d’un charpentier et d’une ménagère, il grandit dans un environnement familial modeste, où les valeurs de travail et d’engagement social lui sont inculquées dès son plus jeune âge. À 14 ans, il se passionne pour l’éducation et rejoint le mouvement de jeunesse ouvrier des Faucons Rouges, où il fait ses premières armes en tant que leader. Ces expériences marquent le début d’un long parcours qui le conduira vers l’enseignement et la résistance.
Au lycée d’Amiens, Sellier se distingue par ses talents académiques et son esprit critique. À 16 ans, il adhère à la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) et commence à provoquer des discussions politiques parmi ses camarades. Sa soif de connaissance le pousse à poursuivre des études supérieures, et il entre en hypokhâgne, une classe préparatoire littéraire à Lille. Cette période est marquée par une volonté d’apprendre et un engagement croissant envers des idéaux qui le suivront toute sa vie.
C’est une transition décisive : son adhésion à la résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale. Loin des terrains de foot, il transforme son élan vers l’éducation en une lutte contre l’oppression. En 1943, il rejoint le mouvement de Libération Nord, s’engageant pleinement dans une cause qui réclame courage et détermination. Malheureusement, cette implication active lui vaudra d’être arrêté, ouvrant la porte à des mois de souffrances dans les camps de concentration.
Résistant et déporté
André Sellier est arrêté le 2 août 1943, et sa vie prend un tournant tragique lorsqu’il est déporté vers le camp de Buchenwald en janvier 1944. Les conditions de vie inhumaines et la présence de la mort à chaque coin de rue forgent son caractère. Malgré l’adversité, il garde espoir en se reliant secrètement à d’autres détenus, partageant des informations essentielles pour surmonter la brutalité du régime. Lors d’une révolte survenant dans le camp, sa détermination resurgit.
En février 1944, il est transféré au tunnel de Dora, où il travaille dans des conditions extrêmement difficiles. Chaque jour est un acte de résistance contre l’horreur qui l’entoure. Étonnamment, cette période de souffrance servira également de catalyseur pour la réflexion historique qu’il développera plus tard dans sa carrière. Après la fin de la guerre, Sellier sera l’un des rares à survivre à ces camps, marqué à jamais par cette expérience, mais déterminé à faire connaître ces tragédies.
Libéré en 1945 par les forces russes, il retourne à Cambrai, où il commence à s’engager dans la reconstruction de sa vie. Malgré le traumatisme de sa déportation, il met ses connaissances au service du peuple en aidant à des projets de mise en mémoire de ces événements tragiques. Son parcours atypique fait de lui un témoin et un acteur d’un récit plus vaste, celui d’une France qui se réinvente.
Une carrière diplomatique florissante
Après sa libération, André Sellier poursuit des études et parvient à obtenir son baccalauréat avant de se marier avec Hélène Chlique. En 1947, il est major de sa promotion à l’École nationale d’administration (ENA), ce qui lui ouvre les portes d’une carrière diplomatique. Sellier parcourt le monde, exerçant divers postes liés à l’expansion économique de la France.
Malgré un emploi du temps chargé, il n’oublie pas ses racines militantes et reprend contact avec des figures politiques, notamment François Mitterrand, avec qui il collabore au sein du Parti socialiste dans les années 1980. À chaque étape de sa vie, Sellier cherche à réconcilier son passé de résistant avec son futur en tant qu’éducateur et fonctionnaire.
Retraité en 1986, il retourne vers son amour pour l’histoire en publiant plusieurs ouvrages, dont Histoire du camp de Dora, un livre marquant sur son expérience. Cet ouvrage devient une référence, permettant aux futures générations de comprendre les horreurs vécues durant les périodes sombres de notre histoire. Ainsi, son parcours impressionne tant par sa résilience que par son engagement désintéressé envers les autres.
L’héritage d’un homme d’action
André Sellier n’est pas seulement un survivant, mais un symbole d’espoir et de résistance. En laissant un héritage précieux à travers ses écrits et son action diplomatique, il contribue à la mémoire collective. En 2005, il donne les archives de son père aux archives départementales de la Somme, une initiative qui illustre son engagement pour la préservation de l’histoire. Son parcours inspire tous ceux qui luttent pour la justice et la dignité humaine aujourd’hui.
Au-delà de ses accomplissements en tant qu’historien, son engagement politique laisse une empreinte indélébile dans le paysage social français. Il incarne un modèle de détermination et de courage, ayant su surmonter les pires adversités. L’histoire de Sellier est un fort rappel de l’importance de la mémoire, du devoir de transmission et de l’engagement civique.
En célébrant sa vie et son parcours, on honore non seulement un grand homme, mais aussi la mémoire des milliers de déportés dont les voix ont été étouffées. Pour en savoir plus sur André Sellier, son impact et ses contributions, découvrez ces ressources en ligne : sa biographie et le livre qui retrace le parcours des déportés. Le parcours d’André Sellier est un exemple d’espoir, de lutte et de résilience, témoignage d’une vie vécue au service des autres.